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La lueur de l’espérance.
samedi 17 février 2024, par
La lueur de l’espérance. (*1)
De très nombreux parcours du mercredi et du samedi passent, après une dizaine de kilomètres, par Pechbonnieu. J’ai l’habitude, habitant tout près, sur la même colline, d’y attendre mes compagnons cyclos et de me joindre à leur groupe. Je vois généralement passer l’avant-garde des costauds qui me saluent et traversent le village, le nez dans le guidon. Quelque temps après, arrive le peloton, échauffé par le « ratapète » (*2) qui accède au village. Il s’arrête pour me permettre d’intégrer mon « groupe de niveau » et je me glisse avec bonheur au cœur de ce peloton chaleureux et complice.
Ainsi, ce mercredi de janvier, comme d’habitude, j’accote ma randonneuse contre la façade de l’opticien et j’attends. Comme tout cyclo désœuvré et attaché à sa machine, je la couve du regard ; je vérifie, je surveille, je contrôle, j’essuie, je tâte, j’écoute, je teste, je règle, j’actionne, bref, je m’affaire …tout en sachant très bien que j’ai déjà procédé à ces vérifications avant mon départ, 10 minutes avant. Un observateur avisé et apitoyé diagnostiquerait une crise de TOCC (*3). Au moment où je me penche pour contrôler une dernière fois la douceur fluide et silencieuse des roulements, j’entends une voix céleste : « Bonjour monsieur, vous avez besoin d’aide ? ».
C’est une petite fille d’une dizaine d’années qui, probablement intriguée par le comportement de ce vieux maniaque, a traversé la rue, pour proposer son aide avec une exquise courtoisie ; .. Très ému, je décline sa proposition, je bredouille quelques remerciements maladroits et lui pose quelques questions : elle est en sixième au collège de Castelginest.
Cette courte anecdote paraîtra banale et dérisoire mais j’ai jugé bon de vous la raconter car, pour moi, elle a du sens : cette petite fille m’a réconcilié avec mon temps, éclairé ma sortie cyclo d’une lumière particulière et fait renaître mon optimisme. Allons ! Tout n’est pas perdu !
Jacques Duval.
*(1) J’ai emprunté ce titre au général de Gaulle. Ce sont les derniers mots des Mémoires de guerre.
*(2) C’est Roger qui utilisait ce mot (qu’il avait créé ?) pour désigner une côte courte, piégeuse et inattendue.
*(3) Trouble Obsessionnel Compulsif du Cyclo.